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Pour les Grecs de l’Antiquité, les barbares étaient ces étrangers qui parlaient une langue incompréhensible, inintelligible. Les chevelus mal peignés du Nord et les barbares (berbères?) mal rasés du Sud étaient considérés comme des outrages à leur civilisation. Ils s’efforçaient de les contenir aux marges de l’empire. Les barbares étaient des intrus qui dérangeaient l’ordre et le bon goût de la civilisation grecque.

Aujourd’hui, de nombreuses entreprises souffrent d’une absence de barbares. Elles se sont sclérosées dans des hiérarchies et des modes de gestion stériles. Les barbares contemporains sont les créatifs, les innovateurs, les artistes, les visionnaires capables de perturber l’ordre ronronnant de l’empire et de lui insuffler une nouvelle vie.

Toute innovation procède d’abord d’une rupture des schémas traditionnels de pensée. C’est le déséquilibre ou la disruption qui provoquent la percée créative. L’art de la pensée barbare est ainsi de cultiver et d’entretenir un esprit alerte pour permettre la génération d’idées neuves.

C’est une manière de penser la limite, de penser «à la limite» afin d’y trouver des solutions créatives, des idées novatrices. Le but premier de la pensée barbare est d’articuler des intuitions, de formuler des idées, de représenter des concepts, de rendre concret des désirs.

La «pensée barbare» est un mode de réflexion et d’inspiration qui procède des franges de la conscience, qui évolue aux frontières de la rationalité. La créativité est une nouvelle forme de barbarie.

Elle frappe les opinions, elle dérange les esprits, elle envoûte les affects.

La rupture vient toujours de la marge. Soyons marginaux, pensons barbare.