Oedipe Kosmokrator
Ça fait un moment que je me dis que le mythe d'Oedipe doit être une sorte d'allégorie cosmologique ou astronomique.
Ce qui m'a mis la puce à l'oreille est la mention faite par les bergers de l'étoile Arcturus. Or cette étoile se trouve dans la constellation de Bootës qui signifie... le Berger (le pâtre, le conducteur de boeufs...). Qui plus est, le berger interrogé par Oedipe précise qu'il a passé six mois avec son compère a garder les troupeaux, "du printemps au lever d'Arcturus". Cette période correspond à l'intervalle entre les deux équinoxes, l'équinoxe de printemps et l'équinoxe d'automne.
L'importance des thèmes de l'obscurité et de la lumière, de l'illumination et de l'obscurcissement (de la raison, entre autres...) nous renvoient très certainement à cet autre axe majeur du zodiaque que sont les solstices. Tirésias, incarnation réussie de l'axe des solstices? L'hypothèse me plait beaucoup. Ce personnage serait une sorte de "conjunction oppositorum" désignant les deux périodes de l'année correspondant au maximum et au minimum d'ensoleillement.
Dans un article des plus intéressants, Monique Lise Cohen parle des rituels de boiterie associés au printemps. Le mot hébreu Pessah, notre Pâque, signifierait "boiter". mieux, elle explique le thème de la boiterie par le décalage des calendriers lunaire et solaire.
Or Oedipe est le dernier rejeton d'une lignée de boiteux. Cela placerait sa naissance au printemps, sur le point vernal, à la jonction entre le signe des Poissons (associés aux pieds) et du Bélier (associé au fer et à la tête).
Recueilli par Polybe et Péribée (ou Mérope), le couple régnant de Corinthe, Oedipe passe alors dans le signe du Taureau. en effet, l'étymologie de Polybe signifie "boeufs nombreux" et Péribée signifie "autour des boeufs". (Mais ces boeufs peuvent aussi désigner les constellations de la Grande et la petite Ours (Septem Triones...))
Le parricide, à la croisée de trois routes, nous parle du solstice d'été dans le signe du Cancer. c'est le moment où le soleil est renversé dans sa course, comme Laïos est renversé par Oedipe.
La rencontre avec la Sphinge est à envisager selon la même perspective astronomique. Cet être "conceptuel" est certainement une aberration morphologique, mais une évidence astronomique. elle représente selon moi, la croix des signes dits "fixes" du zodiaque. Le Lion, le Verseau, le Taureau et le Scorpion.
L'inceste est alors à placer au solstice d'hiver, au Capricorne, période de l'année la plus obscure. Son union avec Jocaste, fille de Menoikos (étym. "le domicile de la lune...") a sans doute lieu à la Nouvelle Lune, lorsque celle-ci est la moins visible... De ce fait, Créon pourrait représenter la Pleine Lune, quoique l'anagramme de Creon donne "Necro", un terme des plus mortifères...
Bien d'autres indices vont dans le sens de cette lecture astronomique que je propose. Mais cela demanderait des explications détaillées qui n'ont pas de place ici.
Jeudi, 24 mars 2005